Le cahier des charges biologique impose deux points concernant l’alimentation du veau pendant sa phase lactée :
- Tous les jeunes mammifères doivent être nourris au lait maternel, de préférence à d’autres laits naturels.
- Le sevrage doit être réalisé au plus tôt à 3 mois d’âge.
Dans cet article, nous détaillerons plusieurs itinéraires techniques répondant à ces exigences.
Comment faire en pratique ?
Le premier aliment dans la vie d’un veau, c’est le colostrum. Nous ne reviendrons pas sur l’importance de la qualité du colostrum. Concentrons-nous sur la phase suivante : l’alimentation lactée.
De quoi a besoin un veau pour bien grandir ? De lait, oui, mais aussi de concentrés, de fourrages et…d’eau ! Le lait est l’aliment principal du veau. Le fourrage participe au développement du rumen et à la taille des papilles. Le concentré quant à lui favorise le développement du nombre de papilles. C’est vers 4 mois d’âge que la capacité digestive est définitive : il faut donc s’assurer que le veau ait accès à ces aliments dès son plus jeune âge. L’eau quant à elle est indispensable, même en hiver !
Le lait entier est de préférence un lait de mélange, qui permet de limiter les variations de taux individuels. Il va de soi qu’on ne distribue pas de lait antibiotique aux veaux… Evitez également de distribuer du lait que vous ne mettriez pas au tank (niveau cellulaire). En effet, un lait à cellules a une qualité nutritionnelle moindre qu’un lait sain.
Même en bio, il est possible d’envisager des plans d’allaitement avec un seul repas par jour. Attention en revanche en hiver, dans des bâtiments froids ou humides : ce protocole n’est pas adéquat.
Semaine | 2 repas / jour | 1 repas / jour (à partir de la 3ème semaine) |
1 | 3 à 3.5 litres / buvée | 3 à 3.5 litres / jour |
2 | 4 | 3.5 |
3 | 4 | 3 |
4 | 4 | 5 |
5 | 4 | 5 |
6 | 4 | 5 |
7 | 3.5 | 5 |
8 | 3.5 | 5 |
9 | 3 | 4 |
10 | 3 | 3 |
11 | 2 | 2 |
12 | 2 | 2 |
Quantité totale de lait distribuée | 560 litres | 322 litres |
Concernant les autres aliments, c’est assez simple :
- Un seau d’eau propre à disposition dès la naissance.
Il est possible de servir de l’eau chaude dans un autre seau en même temps que la distribution du lait pour éviter les problèmes de digestion provoqués par l’eau froide et pour simplifier le travail : tout est fait au même passage.
- Du foin à volonté dès une semaine d’âge (le veau consommera en moyenne de 100 à 300 g/jour le premier mois, puis jusqu’à un kilo sur la suite de l’allaitement) ou de la paille (le maïs ensilage est autorisé en bio, mais rares sont les éleveurs qui en distribuent aux veaux).
- Du concentré à volonté dès une semaine d’âge (de 100 g le premier mois à 2 kg avant sevrage), en pensant au minéral !
Le concentré peut être un aliment du commerce, il peut également être produit sur l’exploitation. L’équilibre à viser est de : 1 UF, 110 g/kg brut de PDI, 17 % de MAT et plus de 12% de CB.
Quelques exemples de mélanges fermiers possibles
- 50 % maïs grain + 50 % pois + 20 g de minéral (3,5/27/5)
- 65 % maïs grain + 35 % féverole + 20 g minéral (3,5/27/5)
- 70 % épeautre + 30 % pois + 20 g de minéral (3,5/27/5)
Les graines sont plutôt distribuées aplaties pour faciliter la digestion.
Remarque : tant qu’ils sont allaités, les veaux arrivent à digérer l’épeautre non décortiqué.
Le saviez-vous ? De plus en plus d’éleveurs font appel à des vaches nourrices. Les résultats paraissent prometteurs…
Pour résumer en 5 notions, un veau (bio ou pas bio) a besoin de lait en qualité et quantité suffisante, concentrés, fourrages, eau à volonté et de la surveillance. Le sevrage « tardif » imposé par la réglementation bio ne dispense pas de porter toute l’attention qu’il faut à ces jeunes veaux. Même s’il permet une relative souplesse technique, cette période reste la clé pour la croissance de l’animal et sa carrière à venir.
Vous avez maintenant en main toutes les clés pour réussir la phase lactée de vos veaux en bio. A veaux marques, prêts ? Partez !