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Agriculture bio

Je passe en bio, je peux continuer à faire du maïs ?

par Nadège GODFROY

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Le maintien d’une certaine sole en maïs dans un élevage bio est un atout pour équilibrer des rations herbagères déficitaires en énergie ou pour varier les ressources fourragères. C’est à première vue plutôt l’aspect culture qui freine les agriculteurs à maintenir du maïs lors de leur conversion. En effet, la gestion des adventices requiert une certaine technicité, mais qui n’est pas impossible comme nous le prouvent ceux qui continuent cette culture en bio !

Optival et Bio en Grand Est ont réalisé un état des lieux de la culture et de l’utilisation du maïs en élevages laitiers biologiques, dans la région Grand Est. 53 éleveurs ont pris le temps de répondre à cette enquête.

 

La moitié des éleveurs bio enquêtés distribue du maïs, en moyenne 3,8 kg MS/VL/j

 

Typologie des exploitations produisant du maïs

SAU

154 ha (de 40 à 300)

Surface en herbe

116 ha (de 37 à 240)

Surface en maïs

9 ha (de 2 à 30)

% de maïs dans la SAU

5 % (de 2 à 15)

% de maïs dans la SFP

8 % (de 2 à 20)

 

Plus de la moitié des répondants sont en élevage laitier pur et 30 % ont un atelier bovin viande en parallèle. L’enquête laisse apparaitre que les exploitations possédant un autre atelier d’élevage (bovins viande, ovins viande, porcins ou volailles) cultivent un peu plus de maïs que les laitiers purs (60 % des éleveurs mixtes cultivent du maïs, contre 44 % pour les laitiers purs).

Le maïs est distribué essentiellement en hiver (seuls 4 producteurs distribuent du maïs toute l’année), sous forme d’ensilage, de maïs grain ou de maïs épis, en moyenne à hauteur de 3,8 kg MS/VL/j.

L’enquête a confirmé les a priori : les éleveurs récemment convertis ont tendance à diminuer la part de maïs dans l’assolement. Leur choix s’explique par la volonté de simplifier le travail sur l’exploitation, de mieux valoriser la pâture et par la difficulté ressentie pour équilibrer les rations, notamment concernant le coût du correcteur azoté (jusqu’à 1000 €/T pour du tourteau de soja bio).

Cependant, contre toute attente, plus de 40% des éleveurs maintiennent les surfaces en maïs après leur conversion, voire même en réimplantent ! Ces derniers souhaitent améliorer leur autonomie alimentaire et optimiser leurs performances techniques.

Le maïs s’implante bien après une prairie temporaire 

Concernant la conduite de la culture du maïs, le principal précédent est herbager : près de 70 % des producteurs mettent du maïs après une prairie temporaire, pour bénéficier de l’arrière-effet de la prairie sur la fertilisation et sur le salissement. Les rendements estimés sont en moyenne de 8,5 TMS / ha, mais varient de 5 à 13 TMS / ha.

Les interventions sont essentiellement mécaniques (binage, herse étrille, faux semis). Près d’un quart réalise uniquement du binage ! Côté fertilisation, plus de 80 % des exploitants utilisent du fumier de bovins : le recours à des farines de plumes, du digestat ou du lisier est anecdotique.

Enfin, les ravageurs rencontrés dans un champ de maïs bio sont les mêmes qu’en conventionnel : corbeaux, sangliers et taupins…

 

Le maïs est une plante dont il faut se poser la question, même quand vous passez en bio. Sa capacité de récupération après une période de sécheresse est particulièrement remarquable. L’implantation de quelques hectares de maïs permet également de diversifier ses ressources fourragères : ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier ! Le maïs permet d’équilibrer en énergie des rations herbagères. Sa souplesse d’exploitation est également un véritable atout : si vous avez implanté des maïs dans l’objectif de les ensiler, mais que finalement vous vous rendez compte que vos stocks fourragers seront suffisants, vous pouvez changer votre fusil d’épaule et le récolter en maïs épi ou maïs grain, plus denses énergétiquement.

 

Souvent mis de côté lors des conversions, le maïs peut totalement trouver sa place dans une exploitation bio. Ses atouts sur la technique animale ne sont plus à prouver et côté technique végétale, il s’agit d’une des cultures qui a le moins de différentiel de rendement avec le conventionnel.

 

Co-écrit avec Elise SCHEEPERS – Bio en Grand Est

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