Dans les Pays de la Loire, nous avons dépassé le seuil de 1 000 exploitations robotisées en 2018 et cette progression devrait se poursuivre car environ 2/3 des 200 nouvelles installations de traite par an sont des robots dans notre région. Par ailleurs, la France reste loin d'autres pays européens en taux d'équipement, ce qui laisse encore de la place pour une augmentation dans les années à venir.
Peu de différence sur la qualité du lait en élevage robots par rapport aux élevages non robotisés
Il y a 15 ans, une crainte sur la qualité du lait, en particulier sur les cellules, était évoquée par certains acteurs de la filière. Cela n’est plus le cas aujourd’hui, car les résultats en élevage ont démontré qu’il y a peu de différence entre les élevages robotisés et les autres. Comme le montre les résultats de nos élevages en suivi technico-économique sur la campagne 2018/2019 le comptage cellulaire est proche quel que soit le mode de traite.
Résultats qualité du lait livré en laiterie | 2018/2019 tous | 2018/2019 robot |
Nombre d'élevages | 2300 | 165 |
% comptage < 300 000 | 82% | 85% |
% comptage > 800 000 | 6% | 7% |
cellules en milliers/ml | 276 | 265 |
Pénalité laiterie | 2,50 € | 2,70 € |
Source : Seenovia Références 2018/2019.
Même si l’on peut constater des écarts entre les élevages, notamment en première année de modification de système de traite, un suivi adapté des vaches infectées permet un retour rapide à la normale.
Les vaches au robot sont-elles heureuses ?
Un autre sujet émerge aujourd’hui avec l’arrivée d’attentes sociétales éthiques autour de la question du bien-être animal. En gros, une vache est elle aussi heureuse dans les élevages où la traite a été déléguée en totalité à la machine ? Pour pouvoir y répondre, il faut se replacer dans le contexte originel. La production de lait d’une vache, lorsqu’elle élève son veau est lié au nombre de fois où celui-ci voudra téter. Donc la traite du matin et du soir à horaires réguliers et avec tout le troupeau au même rythme a été décidé par l’homme plus que par la vache. Traire plus souvent et selon la volonté de la vache laitière est donc plus proche du comportement naturel. Il suffit d’observer les vaches de troupeaux en traite robotisées. On constate moins de stress et un comportement souvent plus calme qu’avant l’arrivée du robot.
Robot de traite et pâturage, est-ce compatible ?
Autre attente sociétale : les vaches peuvent-elles continuer à sortir au pâturage avec un élevage robotisé ? La réponse est oui, bien sûr mais sous certaines conditions (cf article Gérer le pâturage avec un robot de traite, est-ce vraiment possible ? ). L’éleveur passe d’une conduite où il emmène ses vaches au pâturage (action push) à une conduite où le pâturage s’inscrit dans une démarche volontaire mais guidée (action Pull). Plus la stalle sera saturée et plus l’organisation sera compliquée à mettre en place car contraignante pour l’éleveur. Il faut aussi que des surfaces proches des bâtiments d’élevage soient utilisables en pâturage (ce sont souvent les routes qui limitent le pâturage). Ensuite, des accès bien conçus et un jeu de porte de sélection bien pensé aidera au bon fonctionnement. Là encore, le libre accès au pâturage et au bâtiment est un confort supplémentaire pour la vache. On peut en faire le constat avec les différences météorologiques selon les saisons.
Ainsi, le robot de traite est compatible avec les attentes sociétales. Heureusement d’ailleurs, car de nombreux éleveurs, pour des raisons de santé, de main d’œuvre, de choix de système de production… continueront à s’équiper. Cependant, il faut être attentif à ces attentes et adapter la conduite au comportement grégaire de l’espèce. C’est pourquoi nous les prenons en compte dans les études de projet robot mais aussi dans nos accompagnements en consulting robot, autour du sujet « robot de traite et pâturage » par exemple. (cf article Gérer le pâturage avec un robot de traite, est-ce vraiment possible ?)