Baisse du taux butyreux du lait, un effet saison inévitable
Les saisons et notamment la luminosité influencent naturellement la quantité de matière grasse produite. Les mois d’hiver et ses journées plus courtes sont propices à son augmentation, + 1,5 g de TB/Kg de lait au mois de décembre, tandis que l’été la pénalise avec ses jours longs, - 1,5g/Kg au mois de juin.
Sur cette partie, malheureusement nous n’avons aucun levier pour y faire face.
La mise à l’herbe, une période critique pour le TB
Pauvre en fibre et riche en nutriments fermentescibles, l’herbe jeune provoque une grande production d’acides gras volatils (AGV) notamment en propionates (C3). La rapidité de l’ingestion, la faible rumination et la réduction du bicarbonate apportée par la salive facilitent alors une baisse du pH du rumen et l’installation de l’acidose ruminale. L’herbe est aussi très riche en acide gras polyinsaturés notamment en C18 :3 n-3 (omégas3). Ces deux phénomènes conjugués sont propices à la production d’acide gras intermédiaires Trans 10 au niveau du rumen qui inhibe la synthèse de la matière grasse au niveau de la mamelle. Ainsi, des chutes très importantes du TB (> 5 g/L) peuvent s’observer suite à la mise à l’herbe et que l’on va appeler le syndrome de la dépression de la matière grasse.
Pour assurer une sécurité ruminale, il faut réaliser une transition alimentaire progressive de 3 à 4 semaines en sortant les vaches seulement quelques heures une fois que la ration à l’auge est consommée et que les rumens sont pleins. Mettre à disposition de la fibre de qualité, afin de favoriser la motricité du rumen et ralentir les transits. Apporter une substance tampon, pour prévenir les déséquilibres du rumen et maintenir un pH ruminal optimum.
Stress thermique, les mesures à adopter
Lorsque la température dépasse 24-25°C la vache commence à souffrir de la chaleur. Son ingestion va alors baisser, de même que sa rumination, le tri à l’auge augmente, tout comme le temps passé debout. Le rythme respiratoire augmente aussi pour expulser la chaleur. Le dioxyde de carbone (CO2) est donc excrété en plus grande quantité. Le rapport CO2/bicarbonate restant constant dans le sang, le bicarbonate est excrété par voie urinaire en plus grande quantité pour maintenir l’équilibre. La salive en est donc moins chargée et ne tamponne plus le rumen efficacement. L’ensemble de ces facteurs favorisent les risques d’acidose et s’en suit alors une baisse du TB d’autant plus marquée que les températures sont élevées.
Pour limiter ces effets, il est nécessaire d’adapter la conduite alimentaire du troupeau en favorisant la consommation d’eau, l’ingestion par plusieurs distributions par jour, en évitant les échauffements à l’auge (avancement des silos, conservateurs…), en vérifiant la structure de la ration... On peut également apporter du bicarbonate de sodium à raison de 250 à 300 g/VL/jour pour compenser les pertes par sudation et ventilation pour limiter le risque d’acidose. Ces éléments sont un complément aux mesures de conduite du troupeau telles que l'ombre, la ventilation, la brumisation...
Attention à l’évolution de la digestibilité des maïs
Sous la bâche, le maïs ensilage évolue dans le temps. L’amidon qu’il contient va se dégrader de plus en plus rapidement dans le rumen. La dégradabilité peut atteindre 95 % au bout de 6-7 mois de conservation contre 60 à 80 % à la confection du silo à teneur en amidon identique dans le fourrage. Cela signifie que la part d’amidon ruminal augmente dans le temps. Il va donc falloir être vigilant lors de la période estivale sur les quantités d’amidon ingérées et surtout sur sa rapidité de dégradation. Un excès d’amidon fermentescible au niveau du rumen va provoquer une acidose ruminale. Le conseil est d’éviter l’apport d’amidon fermentescible (céréales à paille), de rationner l’ensilage de maïs et d’apporter d’autres sources d’énergie, sans amidon, comme la pulpe de betterave ou la coque de soja.
Les causes d’une chute du taux butyreux sont multiples et bien plus complexes qu’un simple manque de fibre dans la ration. En anticipant les périodes à risque, il est possible de maintenir une production de matière grasse convenable.
De nouveaux indicateurs comme les acides gras ou issus du monitoring (rumination, ingestion…) permettent d’être plus réactif et de gagner en précision sur l’origine des troubles.