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Bien-être

Comment gérer les mouches au printemps ?

par Dr Vét Vincent CHAUMARD

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Les mouches représentent un dérangement pour l’éleveur et pour ses animaux, par exemple en perturbant le bon déroulement de la traite via une agitation des vaches. La production laitière peut en être diminuée. D’un point de vue sanitaire, les mouches sont également des vecteurs d’agents pathogènes, en particulier ceux responsables de mammites ou de lésions oculaires comme la kérato-conjonctivite infectieuse bovine. Des solutions existent : lutte biologique, insecticides, pièges…

Avant toute chose, retenez ces 3 chiffres :

  • 80% de la population de mouches est constitué de larves ou de pupes.
  • Une mouche pond 600 à 2 000 œufs pendant ses 2 à 4 semaines de vie.
  • 1 kg de fumier peut contenir jusqu’à 5 000 asticots.

Et vous avez 3 leviers d’action :

  • Agir directement sur la population de mouches ;
  • Agir dans l’environnement des vaches ;
  • Agir sur les animaux.

 

Il est possible d’agir sur la population de mouches grâce à la lutte biologique. Mais comment ça marche ?

La lutte biologique consiste à recourir à certains prédateurs naturels des mouches domestiques pour limiter leur invasion de l’environnement. On ne cherche donc pas à éradiquer les mouches, mais à réduire leur population à un niveau acceptable. Un équilibre se crée entre les niveaux respectifs des prédateurs et des mouches. Cet équilibre doit être entretenu par l’ajout régulier de prédateurs, car ceux-ci n’envahissent pas le milieu.

La lutte biologique séduit les éleveurs par ses avantages

Vous n’utilisez pas des produits chimiques (pas de manipulation de produits dangereux), donc les autres populations d’insectes, telles que les abeilles, ne sont pas impactées. Deux autres atouts sont la facilité d’utilisation et le gain de temps : il vous faut compter une intervention d’environ 15 minutes toutes les 2 à 4 semaines. Par ailleurs, ces protocoles sont applicables en agriculture biologique.

Différents prédateurs sont utilisés pour la lutte biologique contre les mouches

Il existe trois types de prédateurs :

  • Les mini-guêpes : elles pondent dans les cocons des mouches présents dans la litière sèche, empêchant ainsi le développement de la mouche-hôte ;
  • Les mouches du lisier : les adultes vont pondre des œufs dans le lisier. Les larves qui en sortent vont ensuite se nourrir des larves de mouches domestiques, également présentes dans le lisier ;
  • Les acariens Terrapi : ils s’attaquent aux œufs et aux jeunes larves de mouches, en litière sèche ou humide (lisier). L’action complète celle des mini-guêpes et des mouches du lisier.

Pour une efficacité optimale de cette méthode, il est important d’implanter les prédateurs avant le début de l’infestation.

Comment agir dans l’environnement des vaches pour limiter le nombre de mouches ?

Plusieurs actions, complémentaires entre elles, sont envisageables dans le bâtiment pour lutter contre les mouches.

La première source d’infestation provient des œufs présents dans la matière organique. Il faut donc commencer par curer et nettoyer tous les endroits qui peuvent l’être.

Créez un environnement défavorable aux mouches

Les mouches n’apprécient pas les courants d’air : avoir des zones bien ventilées dans les bâtiments, en y disposant des ventilateurs, permet de limiter la population d’insectes. Par ailleurs, la brumisation permet de créer un environnement humide que les mouches vont éviter. Il est aussi possible de réaliser un effet rideau avec une rampe de brume en entrée de salle de traite ou de parc d’attente, pour que les mouches n’y pénètrent pas.

Piégez les mouches :

Différents outils permettent de piéger les mouches :

  • Dans des espaces restreints (salle de traite, nurserie) : utilisez des rubans adhésifs attrape-mouches ou des appareils destructeurs de mouches à LED ;
  • Dans les espaces ouverts ou à l’extérieur : utilisez des pièges qui attirent les mouches et les empêchent de ressortir (boîtes ou sac à mouches).

 

Que faut-il penser des insecticides ?

Vous pouvez appliquer un larvicide dès l’apparition des premières mouches. Privilégiez les lieux non piétinés par les animaux, où sont présentes les larves et pupes : le pied des murs, la fosse à lisier… En général, on observe 4 à 6 semaines de rémanence sur ce type de produit. Il est également possible d’utiliser un adulticide mural sur les surfaces où se posent les mouches comme les murs clairs, les cadres de portes ou de fenêtres… Veillez à ne pas traiter les zones accessibles aux animaux !

Agir sur les animaux : quelles sont les solutions médicales ? Que penser des huiles essentielles et de l’ail ?

Qu’il s’agisse d’antiparasitaires vétérinaires ou de solutions complémentaires, plusieurs possibilités existent pour lutter contre les mouches, et ceci directement sur les vaches, les génisses ou les veaux. Néanmoins, pour optimiser l’efficacité des produits employés, il faut commencer dès les premiers signes d’infestation et ne pas attendre de se faire envahir. Cela est valable quelle que soit la solution choisie.

Différentes solutions médicales existent

Plusieurs formes différentes sont disponibles :

  • Les solutions pour-on sont à appliquer sur la ligne du dos. La protection est efficace pendant 4 à 10 semaines selon la pression d’infestation et selon la molécule contenue. Certaines solutions ont un spectre limité aux mouches des cornes (cas des molécules utilisées en vermifuge) ;
  • La solution à diluer pour pulvérisation cutanée peut être appliquée de façon plus locale sur les différentes zones infestées de l’animal. Les applications sont à renouveler selon le degré d’infestation ;
  • La solution injectable a un spectre limité aux mouches des cornes. La protection est active pendant environ une semaine ;
  • Les plaquettes auriculaires se posent selon le même principe que les boucles d’identification. Leur activité persiste jusqu’à 4 mois. Elles sont intéressantes dans la prévention contre les kératites du fait de leur localisation proche des yeux.


Prenez contact avec votre vétérinaire conseil pour plus d’informations, respectez sa prescription et lisez attentivement la notice des médicaments avant utilisation.

Huiles essentielles, ail…  Les solutions complémentaires sont-elles efficaces ?

Le recours aux plantes permet aussi de lutter contre les mouches :

  • Certaines huiles essentielles, comme celle de Géraniol, ont un effet répulsif sur les insectes, mais ne doivent pas être appliquées pures. Des solutions prêtes à l’emploi existent et peuvent être utilisées en toute sécurité ; 
  • Certaines pierres à lécher (ou compléments alimentaires tel que le Répuls’Natcontiennent de l’ail. Cela modifie l’odeur corporelle des animaux et, va produire un effet répulsif sur les mouches. Il convient d’être prudent avec l’utilisation de ces pierres à lécher sur les animaux en production, car il est possible que cela modifie aussi l’odeur du lait, ou de la viande. Attention donc à toute distribution excessive de semoulette d’ail ou de surconsommation de compléments alimentaires.

Plus d'infos sur l'utilisation d'ail pour vos chaque, consultez l'article : De l’ail pour mes vaches ? Oui mais… 

 

En conclusion, ne vous laissez pas déborder par les mouches. Comme vous le voyez, plusieurs actions sont possibles. Mais pour cela, il faut commencer très tôt à vous en occuper, sinon ça risque d’être trop tard !

En complément, quelques exemples de solutions que j’ai sélectionnées pour vous : Lutte biologique pour lutter contre les mouches : cliquez ici ou lutter contre les larves : cliquez ici

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Article co-écrit avec Julien GIRARDOT, Chef produit San'Elevage 

 

 

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