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Agriculture bioVeaux & Génisses

En bio, les veaux c’est dehors ! (quand les conditions climatiques le permettent)

par Nadège GODFROY

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L’application du cahier des charges en agriculture biologique se durcit à partir de 2021. Jusqu’à présent, l’article stipulant que « tous les animaux doivent pouvoir avoir accès à du plein air dès que les conditions climatiques le permettent » ne concernait, dans la pratique, que les grosses génisses et les vaches. Pourquoi ce changement de lecture ? Quelles sont les conséquences de faire sortir les jeunes veaux en bio ?

Il est assez étonnant qu’il y ait eu aussi longtemps cette tolérance : en effet, les veaux étant des animaux, ils devaient déjà être concernés par l’article du cahier des charges bio cité dans l’introduction. Depuis maintenant plusieurs années, la pression sociétale sur les conditions d’élevage se fait de plus en plus sentir. Le consommateur veut voir cette image bucolique des animaux dans les prés. Pour les vaches et grosses génisses, le cahier des charges bio répond bien à cette demande. Mais comment expliquer au grand public que les veaux, eux, restent au bâtiment toute leur première année d’âge ? Cela parait incohérent. C’est pour anticiper cette demande que la lecture du cahier des charges bio évolue.

A l’heure de l’écriture de cet article, nous ne connaissons pas encore un certain nombre de points pratiques. Par exemple, à partir de quel âge les veaux devront-ils avoir accès à l’extérieur ? Dès la naissance ? A partir du sevrage ? Ou concernant le plein air, quel pourcentage de la surface devra être à l’extérieur ? Ces éléments sont encore en cours de négociation au niveau national.

Au-delà de cet aspect « marketing », quels sont les impacts pour les veaux eux-mêmes ? Pour beaucoup d’éleveurs, donner accès à l’extérieur à de jeunes veaux présente un risque : froid, humidité… Les fermes expérimentales de la Blanche Maison (Normandie) et de Trévarez (Bretagne) travaillent depuis plusieurs années sur l’élevage des veaux à l’herbe et nous fournissent des résultats intéressants, qui viennent étayer les retours des éleveurs déjà adeptes de cette pratique.

Au départ, un constat : les croissances ralentissent lorsque les veaux sont mis à l’herbe vers 6-7 mois, ce qui s’explique par une transition alimentaire souvent brusque.

Sortir les veaux à l’herbe dès 15 jours permet d’améliorer lesperformances de croissance

Les études en fermes expérimentales ont démontré que l’objectif des 90 kg au sevrage est bien atteint. Les GMQ (Gain Moyen Quotidien) pendant la phase lactée sont similaires entre les veaux élevés à l’herbe et ceux élevés en nurserie. Après sevrage, l’écart de GMQ se creuse en faveur des veaux à l’herbe (+ 800 g/j en moyenne pour les veaux de plus d’un an). Ce phénomène peut s’expliquer par le fait que les veaux n’ont pas à gérer une transition alimentaire, puisqu’ils sont au contact de l’herbe depuis leur plus jeune âge.

Concernant le parasitisme, les analyses effectuées n’ont pas démontré de différence significative entre ces deux conduites.

Point intéressant, jusqu’au sevrage, les veaux élevés à l’herbe consomment moins de lait (- 47 litres par veau), moins de concentrés (-12,1 kg par veau) et moins de paille (-100 kg par veau).

 

Finalement, ce qu’il faut retenir, c’est que cette précision dans la lecture du cahier des charges biologiques anticipe une demande sociétale. Pour un certain nombre d’éleveurs, cela implique de revoir les façons de fonctionner, mais techniquement sortir les veaux à l’herbe dès leur plus jeune âge présente des atouts : meilleure croissance, moins de consommation de lait, de concentrés et de paille.

« Dès que les conditions climatiques le permettent » : le règlement n’impose pas de sortir les animaux sous le déluge ! L’idéal est de disposer d’une parcelle attenante à la nurserie. Côté veaux, ils sortent et rentrent se mettre à l’abri à leur guise, côté éleveur, peu de changements pratiques pour la distribution de l’alimentation. Néanmoins, la configuration des bâtiments (notamment les plus anciens) compliquera certainement cette adaptation. Dans ce cas, les éleveurs et leurs conseillers seront amenés à trouver des solutions : igloos collectifs avec courettes ? Mise à la pâture avec un abri à disposition ?

Cette thématique « logement » est abordée dans l’article : Comment loger mes veaux en bio ?

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