Pour autant ce terme « alternatives » est-il bien adapté ? Personnellement je ne trouve pas. Avec mes collègues formateurs Natur’Elevage et bien d’autres vétérinaires initiés à ces méthodes nous préférons le terme de « médecines complémentaires ». Est-ce juste un détail sans importance ? Un tatillonnage sur le vocabulaire ? Ou alors est-ce un réel choix sémantique ?
Est-ce juste un détail sans importance ? Un tatillonnage sur le vocabulaire ? Ou alors est-ce un réel choix sémantique ?
Afin d’expliquer en quoi le simple choix du mot juste peut avoir tant d’importance, il faut d’abord s’attacher à la définition de ces deux mots et au sens qu’on souhaite leur donner :
- « alternatif » signifie qui constitue une alternative, donc un choix entre deux solutions d’après Larousse. Quand on parle de médecines alternatives, cela implique donc qu’on choisit d’arrêter d’utiliser ou de pratiquer la médecine conventionnelle ou allopathie. Ce choix peut tout à fait être assumé mais faire un choix comme celui-là peut aussi faire peur aux éleveurs qui souhaitent s’initier à ces pratiques différentes.
- « complémentaire » signifie qui constitue un complément, qui vient s’ajouter à d’autres choses de même nature pour les compléter. Quand on parle de médecines complémentaires, on propose donc de compléter l’arsenal thérapeutique conventionnel au moyen de techniques différentes issues de la Phytothérapie, de l’Aromathérapie, de l’Homéopathie ou même des médecines dites énergétiques comme l’Ostéopathie ou l’Acupuncture.
Les premiers utilisateurs de ces méthodes différentes ont sans doute bien choisi à dessein de faire des médecines « alternatives » puisqu’il s’agissait en général d’éleveurs bio de la première heure. Non seulement l’esprit du cahier des charges de l’agriculture biologique incitait à recourir à ces médecines différentes (et c’est toujours le cas) mais surtout le cahier des charges en vigueur fin des années 90 n’autorisait que deux traitements allopathiques par an sans aucun traitement dérogatoire (le cahier des charges actuel est plus souple en la matière). Ces éleveurs ont donc défriché ces disciplines et expérimenté tout un tas de protocoles (merci à eux), bien souvent sans accompagnement vétérinaire, les vétérinaires n’étant pas formés à ces disciplines souvent considérées comme de l’obscurantisme par les esprits les plus cartésiens. Cela a d’ailleurs contribué à éloigner certains éleveurs bio de leurs vétos, le terme « alternatif » prenant ici tout son sens ! La nature ayant horreur du vide, la place a bien vite été occupée par des formateurs non informés des spécificités liées aux animaux de rente et ne tenant aucun compte des problématiques liées aux possibles résidus de substances aromatiques notamment dans le lait…
Ces éleveurs ont donc défriché ces disciplines et expérimenté tout un tas de protocoles, bien souvent sans accompagnement vétérinaire, les vétérinaires n’étant pas formés à ces disciplines souvent considérées comme de l’obscurantisme par les esprits les plus cartésiens.
La mise en place de la loi Ecoantibio et la prise de conscience collective d’une nécessité de réduire l’utilisation des antibiotiques, a conduit récemment de nombreux éleveurs à s’intéresser à ces méthodes. Ces éleveurs ont simplement envie de découvrir d’autres voies sans pour autant renoncer à certaines de leurs pratiques qu’ils jugent efficaces et qui correspondent bien à leur façon de travailler. Ils cherchent à renforcer l’efficacité de ce qu’ils connaissent déjà, voire à diminuer le coût des traitements. Le terme de « complémentaire » prends ici tout son sens ! Plus que de la sémantique, il s’agit de posture : on accompagne les éleveurs vers un changement de pratique en douceur, sans renoncer à utiliser, quand c’est nécessaire, des traitements conventionnels. On initie les éleveurs au #SoignerAutrement, dans le respect de la réglementation en vigueur. On développe leurs connaissances des propriétés des plantes pour leur permettre d’avoir un œil critique face aux multiples solutions « green » présentes sur le marché. Cette posture complémentaire laisse aussi une place aux vétérinaires traitants puisqu’on ne renonce pas à utiliser l’arsenal allopathique. Les vétérinaires commencent d’ailleurs à s’initier, eux aussi, à ces pratiques pour mieux travailler au quotidien avec leurs éleveurs ayant fait le choix de découvrir d’autres voies.
Plus que de la sémantique, il s’agit de posture : on accompagne les éleveurs vers un changement de pratique en douceur, sans renoncer à utiliser, quand c’est nécessaire, des traitements conventionnels.
Nous avons donc délibérément choisi de parler de « médecines complémentaires » et je défends ce choix. Être complémentaire, c’est travailler ensemble et ensemble on va plus loin ! Qui veut y aller avec nous ?